Artemis III : une mission sur la Lune surchargée et menacée d’échec, selon un rapport
Le rapport annuel de l'ASAP revient sur les progrès réalisés et la gestion des risques de la Nasa concernant ses programmes spatiaux. Il souligne notamment que la mission Artemis III est beaucoup trop ambitieuse, augmentant sensiblement le risque d'échec.
Illustration d'une sortie extravéhiculaire de récolte d'échantillons lors de la mission Artemis III. © Nasa
C'est dans un contexte d'incertitudes et de grande agitation qu'a été publié le rapport annuel du groupe consultatif sur la sécurité aérospatiale de la Nasa, l'Aerospace Safety Advisory Panel (ASAP). Comme c'est souvent le cas, ce dernier commence par faire l'éloge de l'agence spatiale étasunienne et souligne les progrès impressionnants réalisés au cours de ces trois dernières années.
Le rapport rappelle que le groupe “s'efforce d'aider la Nasa à favoriser une culture qui embrasse une saine peur de l’échec et évite les ‘angles morts’ en posant des questions difficiles sur les risques". Attention, la notion de risques à la base du rapport de l'ASAP est bien plus globale que le seul danger humain. Il s'agit d'évaluer toutes les difficultés à venir. Le document cible particulièrement les futures missions Artemis, la transition de la Lune vers Mars, ainsi que la Station spatiale internationale (ISS) “vieillissante”.
La mission Artemis III sur la Lune serait “surchargée”
L'ASAP revient notamment sur le bouclier thermique de la capsule Orion lors de la mission Artemis I, qui avait subi des dommages non anticipés et inquiétants sur son revêtement. Orion doit être la capsule qui ramènera l'équipage d'Artemis II de son voyage autour de la Lune — sans alunissage — reporté à 2026. C'est pourquoi le groupe annonce vouloir suivre l'enquête et ses conclusions début 2025.
Bouclier thermique de la capsule Orion dont l'avcoat (la partie ablative) n'avait pas réagi comme espéré. © Nasa
Mais c'est vers la future mission Artemis III que tous les regards se tournent, qui devrait voir l'Homme fouler de nouveau le sol lunaire depuis 1972 et Apollo 17. Voici en résumé ce que le rapport de l'ASAP en dit :
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L'ASAP trouve Artemis III trop ambitieux pour ce qui concerne les crédits, le calendrier et le niveau de préparation actuel de la Nasa et ses prestataires (notamment SpaceX chargé du Starship HLS qui doit atterrir sur le régolithe lunaire). Trop d'objectifs sont inédits, ce qui augmenterait considérablement le risque d'échec. La mission Artemis III est donc “surchargée” selon le rapport.
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L'alunissage au pôle Sud pose des problèmes selon les experts. C'est une zone nouvelle avec laquelle la communication matérielle avec la Terre est complexe. Ils demandent même des changements dans la conception du système d'atterrissage.
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Le Starship HLS est un grand facteur d'incertitudes. Le rapport note les progrès importants accomplis par SpaceX, mais rappelle tous les points encore non résolus : sécurité des vols habités, ravitaillement en orbite, amarrage avec Orion, atterrissage et décollage de la Lune. 2025 sera véritablement critique pour la firme spatiale d'Elon Musk et la Nasa.
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La combinaison spatiale xEMU est également un sujet de préoccupation, particulièrement à cause du délai très serré pour effectuer tous les tests de sécurité avant sa certification.
Résumé des risques relevés par l'ASAP sur Artemis III. © ASAP
Le programme M2M (Moon To Mars)
Moon 2 Mars est le programme de la Nasa qui englobe à la fois le retour humain autour et sur la Lune (Artemis) et les futures missions habitées vers Mars. Les experts soulignent plusieurs points préoccupants, notamment ces deux-là :
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De nombreux contrats Artemis ont été attribués avant qu'une architecture globale claire ne soit définie, ce qui a entraîné des problèmes d'intégration et de gestion des risques.
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Il est crucial de définir sans ambiguïté les responsabilités en matière de risques dans chaque contrat, avant la signature. Il doit être clair qui assume quel risque (l'entreprise, le gouvernement ou les deux).
Résumé des problèmes soulevés par l'ASAP sur le programme M2M. © ASAP
Pour finir, l'ASAP évoque la situation de la vieillissante ISS et rappelle les défaillances de la capsule Boeing Starliner. Dans son rapport, le groupe souligne que la décision de faire revenir la capsule à vide a été un choix vital, car la rentrée atmosphérique aurait été très dangereuse pour l'équipage.
Ici, la question de la répartition des responsabilités sur les risques encourus paraît décisive. L'incident a révélé un manque de clarté entre la Nasa et Boeing concernant la sécurité. Les experts demandent donc à l'agence spatiale des États-Unis d'établir très clairement les rôles et responsabilités dans les contrats, en particulier pour les situations d'urgence.
La capsule Starliner quittant l'ISS. © Nasa TV
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