Le marché photo en stand-by pour le 2e trimestre 2016
Kumamoto et la mauvaise santé du yen en causeAu mois d'août, certains partent en vacances et d'autres publient leur bilan comptable. Le marché de la photographie et les constructeurs japonais n'échappent pas à la règle. C'est Sony, Canon, Nikon et Olympus qui ont le plus souffert du tremblement de terre de Kumamoto. Fujifilm et Panasonic, de leur côté, parviennent à se maintenir. Toutefois, plus que le séisme, c'est surtout le taux de change défavorable qui plombe les comptes.
Faute d'approvisionnement suffisant en capteurs type 1" et plus petits, ce sont surtout les compacts qui souffrent de la pénurie. Crédit : CIPA
Vous n'êtes pas sans savoir que la préfecture de Kumamoto (Japon) a été victime d'un séisme en avril dernier. Parallèlement au bilan humain, c'est toute l'industrie de la photographie qui est affectée par les dégâts subis par l'usine principale où Sony produit ses capteurs, pour ses propres produits mais aussi pour ses clients. Le mois dernier, nous avions déjà rapporté un recul net de 28 % des ventes, visible à travers les données collectées par le CIPA (Camera & Imaging Products Association). Cette valeur est confirmée par les bilans trimestriels des divers constructeurs fraîchement publiés, tous n'étant pas concernés au même degré. Notez que nous n'abordons pas le cas de Ricoh-Pentax, car leur bilan trimestriel n'a pas encore été publié. Toutefois, compte tenu du peu d'entrain que montre Ricoh à expliciter les performances de sa filiale photographique (reléguée dans la sous-catégorie "Autres activités"), il y a fort à parier que nous n'aurions rien eu à nous mettre sous la dent, et c'est fort regrettable.
Sony
Principal concerné, Sony consacre un tableau entier à détailler le chiffre d'affaires (estimé) qui lui échappe à cause du tremblement de terre. Avec un cours du yen à 114 yens pour 1 euro, le séisme coûte à la firme 70 millions d'euros en dommages physiques et investissements pour la remise en route de l'usine. Cela dit, le géant se montre positif en précisant que c'est moins que les 100 millions d'euros initialement estimés au lendemain de la catastrophe. Pour la partie imagerie, ce sont presque 40 millions d'euros qui ne sont pas entrés dans les caisses en mai (par rapport aux prévisions). Pour juillet, Sony prévoit un manque à gagner de 23 millions d'euros.
Sony prévoyait déjà une forte baisse de ses ventes de 22,5 % en mars dernier. Dans les faits, cette baisse se révèle de 25,8 %, ce qui finalement est un delta tout à fait raisonnable, les 3,3 points d'écart étant dus aussi bien aux problèmes d'approvisionnement qu'au taux de change défavorable.
Canon
Canon produisant ses propres capteurs pour ses reflex et hybrides EOS/EOS-M, ce sont logiquement les compacts qui sont les plus touchés par Kumamoto, en particulier la ligne des compacts experts PowerShot GxX à capteurs type 1". Avec une baisse de 30 % des ventes de ses compacts ce trimestre (-22 % le trimestre précédent), Canon se trouve bien en dessous de ses prévisions. Pire, les prévisions annuelles, toujours pour les compacts, passent de -24 % à -39 %, et de -16 % à -22 % pour l'ensemble des APN. Néanmoins, malgré la relative bonne santé des reflex et hybrides, M. Fujio Mitarai, PDG de Canon, a déclaré au cours des questions/réponses accordées aux analystes lors de la présentation du bilan trimestriel que :
Sur la base des informations dont je dispose, il est probable que [le marché des APN] soit inférieur aux précédentes prévisions de 11,5 millions d'unités pour les appareils à objectifs interchangeables en raison du tremblement de terre de Kumamoto.
Voilà qui tombe plutôt mal pour une entreprise dont le plan stratégique quinquennal a pour objectif de ramener la totalité de la production au Japon avec, au passage, une automatisation complète de la production des appareils photographiques grâce à des robots produits en interne. Notez au passage, et ce n'est pas anecdotique, que Canon est le seul constructeur à expliciter ses craintes quant à la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.
Fujifilm
Heureusement, tout ne va pas si mal pour tout le monde. Fujifilm, qui a été l'un des plus prompts à se remettre du séisme — c'est aussi parce qu'il a été le moins touché et l'un des rares constructeurs à ne pas avoir recours aux capteurs type 1" de Sony — se porte presque bien. La baisse des revenus n'est, en photographie, que de 9,9 %, ce que la firme explique surtout par un taux de change encore et toujours défavorable. Mieux : grâce au succès de ses Instax et des ses hybrides à forte valeur ajoutée, Fujifilm parvient à générer au premier trimestre 2016 un bénéfice supérieur à celui de la même période l'année dernière.
Nikon
Crédit : Nikon
Il aurait été surprenant que Nikon se tire indemme de Kumamoto, l'entreprise nous ayant habitués à une chute vertigineuse de ses ventes et de ses revenus ses dernières années, avec une moyenne de 30 %. Même si le quartier général tend à minimiser "l'impact imputable aux perturbations rencontrées par les fournisseurs suite au séisme", la dépendance de la firme vis-à-vis des capteurs Sony saute aux yeux : -32 % de ventes en moins pour les reflex et hybrides et, surtout, -55 % pour les compacts ! Tout cela se traduit par une baisse du chiffre d'affaires de 375 millions d'euros et une baisse du profit de 35 millions d'euros. Toutefois, même si l'activité photo ne représente plus 56 % du CA total contre 74 % l'année dernière, elle demeure l'une des plus rentables de l'entreprise, bien que l'activité lithographie l'ait devancée grâce à un bond de 7 150 % par rapport à l'année dernière ! Bon, en même temps, en 2015, la lithographie ne rapportait quasiment rien, mais les efforts consentis par Nikon pour sortir de la monoculture photographique semblent désormais payants et permettront à l'entreprise d'envisager son avenir de manière plus sereine.
Olympus
Crédit : Olympus
Les hybrides Olympus étant exclusivement pourvus de capteurs Sony, il est logique que ce soient eux qui souffrent le plus. Cette situation force la firme à réviser ses prévisions. En effet, même si elle tablait sur un maintien des bénéfices malgré un chiffre d'affaires en baisse, l'entreprise ajuste ses chiffres à - 4 %. Notez toutefois que le lancement des nouveaux produits est maintenu, dont plus que vraisemblablement un OM-D E-M1 Mark II lors de la photokina 2016.
Panasonic
Crédit : Panasonic
Panasonic, qui produit également une partie de ses capteurs, a été relativement peu affecté par Kumamoto. Son seul compact utilisant un CMOS type 1" d'origine Sony (le Lumix TZ100) ne semble pas souffrir de la pénurie actuelle. Globalement, la branche photo se maintient grâce aux bonnes performances commerciales des modèles 4K.
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