Test Switch 2 : Nintendo peaufine sa console phare sans bouleversement, mais avec sérieux

Plus de 150 millions d'exemplaires vendus, une durée de vie titanesque de huit ans, des jeux mythiques parmi lesquels The Legend of Zelda: Breath of the Wild, Mario Odyssey ou encore Mario Kart 8 (64 millions d'unités). C’est un euphémisme de dire que la Nintendo Switch a marqué l'histoire du jeu vidéo. La bien nommée Switch 2 a donc la lourde tâche de succéder à cette légende de l'industrie vidéoludique.

Pour ce faire, Big N a surtout amélioré les caractéristiques techniques de sa planche à billets. Nouveau processeur Nvidia Tegra T239 conçu exclusivement pour la console, GPU nettement plus puissant par rapport à la Switch première du nom, écran 7,9 pouces cadencé à 120 Hz, capacité de stockage accrue (256 Go extensibles jusqu'à 2 To avec une carte microSD Express)… Cependant, Nintendo n'a (presque) rien changé à l'idée de génie qui a donné son nom à la Switch, qui consiste à pouvoir brancher la console au téléviseur, mais aussi l'emmener partout pour jouer en mode nomade.

On le voit, si la philosophie reste identique, les moyens mis en œuvre ont évolué, ce qui explique un ticket d'entrée de 470 € pour la console seule et de 530 € pour un pack comprenant la machine et le jeu Mario Kart World.

On sait depuis le 2 avril 2025 que la Switch 2 est la digne héritière de la Switch. La forme n'a presque pas changé, même si la nouvelle venue paraît peut-être un peu moins carrée. Ce qui est certain, c'est qu'elle est plus grande, puisque l'écran gagne en superficie et qu'on passe de 6,2 pouces (modèles classiques) ou 7 pouces (Switch Oled) de diagonale à 7,9 pouces. Le poids s'en ressent aussi et passe de 400 g environ à 540 g. Pas vraiment de quoi fouetter un chat et on peut jouer sans se fatiguer les bras, même les plus jeunes.

Si elle est plus grande, la Switch 2 semble aussi avoir appris des petits défauts de conception de son ancêtre. Par exemple, la béquille mal fichue de la Switch classique, avec son minuscule point d'appui, disparaît. À la place, on découvre un support plus sécurisant, qui court sur toute la largeur de la console, comme sur la Switch Oled d'ailleurs.

Précisons que cette béquille cache toujours le port de carte d'extension de la mémoire, qui passe du format microSD au microSD Express. Plus rapide, certes, mais aussi bien plus cher. On aurait aimé pouvoir réutiliser ses vieilles cartes, mais il va donc falloir passer de nouveau à la caisse, car la mémoire interne de 256 Go risque d'être saturée assez rapidement.

Continuons sur la connectique pour saluer l'arrivée d'un second port USB-C sur le dessus de la console, en complément de celui posté dessous et qui sert, entre autres, quand la console est dockée. Si la prise supérieure se destine principalement à la caméra, obligatoire pour profiter de la fonctionnalité GameChat, on apprécie avant tout de pouvoir brancher dorénavant le chargeur par le haut ou le bas, selon les besoins.

Aux côtés de ce port USB-C supplémentaire, Nintendo a prévu une prise jack 3,5 mm pour les possesseurs de casques filaires. Terminons avec le port cartouche qui ne change pas beaucoup de celui de la Switch 1. Car rappelons-le, la Switch 2 est rétrocompatible et les cartouches de l'ancienne génération sont donc acceptées. Le port cartouche de la Switch 2 nous a semblé plus sécurisant grâce à son cache un peu plus grand et à la petite partie en métal qui maintient la cartouche dans son logement, tout en la protégeant.

Écran plus grand, connectique améliorée… La Switch 2 voit aussi ses Joy-Cons évoluer dans le bon sens. Si on ne trouvait pas grand-chose à redire au système de glissière qui maintenait les contrôleurs à la machine à l'époque, celui-ci semble maintenant complètement dépassé par les nouvelles manettes magnétiques. L'attache et le retrait sont plus pratiques, plus rapides, et il n'y a plus de risque de voir ses Joy-Cons coincés pour peu qu'on les ait bêtement inversés.

Toujours au sujet des joysticks, leur architecture reste inchangée par rapport à ceux de la Switch première du nom, comme l'a démontré iFixit. Entendez par là qu'ils usent toujours de résistances à potentiomètre pour calculer leur position, avec des pièces en plastique sujettes à l'usure dans le temps, avec pour conséquence inévitable le fameux drift (des commandes fantômes, même en position neutre) qui a hanté les années de service de sa devancière.

Passer sur la technologie à effet Hall aurait été impossible de par la nécessité d'incorporer des aimants dans son design, pouvant ainsi interférer avec les aimants déjà présents pour l'attache magnétique. Néanmoins, ces dernières années ont vu l'apparition de joysticks à capteurs TMR (magnétorésistance à effet tunnel) et la promesse d'une longévité inégalée. Il aurait été appréciable de voir Nintendo s'imposer à l'avant-garde de la technologie pour ses nouveaux Joy-Cons. Il faudra à la place se faire à l'idée que leur durée de vie est d'ores et déjà comptée.

Hélas, ce n'est pas le cas et le spectre du drift, cette malfonction des sticks analogiques, risque de hanter l'esprit des early-adopters même si on nous promet des manettes bien moins sujettes à ce phénomène. Et heureusement, serait-on tenté d'ajouter, puisqu'une paire de Joy-Cons 2 coûte la bagatelle de 90 €.

L'une des nouveautés de ces périphériques est d'être utilisables comme une souris d'ordinateur après avoir accroché un patin pour améliorer la glisse. Pour l'instant, peu de jeux utilisent cette fonctionnalité relativement inconfortable et, à notre avis, à l'avenir très incertain. En effet, les Joy-Cons sont trop étroits pour être utilisés ainsi sans gêne. De plus, on voit mal comment jouer à la souris en mode nomade et, a fortiori, devant son téléviseur au fond du canapé.

Côté prise en main, les habitués de la Switch retrouveront leurs marques en un clin d'œil. Les boutons d'action n'ont pas changé de place ni de fonction. Le ressenti en game est très similaire, même si les sticks nous ont semblé un peu plus solides et solidaires de l'ensemble sur Switch 2. Mais cette sensation est peut-être due à des Joy-Cons ayant déjà quelques heures de vol sur notre Switch première du nom. La seule différence est la présence du bouton GameChat sous le bouton Home.

Les matériaux utilisés pour la Switch 2 suivent l'air du temps avec un plastique moins lisse, un tantinet plus caoutchouteux, donc plus doux au toucher que celui de la Switch 1. Revers de la médaille, il semble retenir un peu mieux les traces de doigts et les gamers tatillons seront bien inspirés de ne pas laisser traîner le chiffon microfibres trop loin de leur console. Comme toujours chez Nintendo, les finitions sont impeccables et le tout semble paré pour endurer de nombreuses heures d'utilisation sans broncher.

Comme celui de la Switch Oled, le dock de la Switch 2 bénéficie d'un port Ethernet, ce que les adeptes du jeu online compétitif apprécieront sans nul doute en raison de la stabilité de connexion qu'offre la technologie filaire. Excepté cela, derrière le capot amovible, on trouve une prise USB-C pour l'alimentation électrique et un port HDMI ; rien que de très normal. Enfin, deux ports USB sur le côté gauche de la base vont permettre de brancher manettes et autres accessoires au besoin.

Comme c'était le cas pour les premières Switch, nous ne saurions trop vous conseiller d'installer une protection d'écran sur la Switch 2. Peu onéreux, cet accessoire évitera les inévitables rayures qu'occasionneront à terme les multiples mises en place et retraits de l'unité principale sur le dock. On n'est jamais trop prudent avec un produit aussi cher !

Du côté de la chauffe, nous n'avons pas relevé des pics de température déraisonnable, même après une longue sessions de jeu sur Cyberpunk 2077 - notre stress test de référence. Au maximum, la Switch 2 atteint 41,7 degrés sur le bord gauche de l'écran. La sortie d'aération, située sur la tranche supérieure de la console, est sans surprise d'un des points les plus chauds. Les Joy-Cons maintiennent néanmoins des températures tout à fait raisonnable pour jouer conforablement.

Si les ressemblances physiques entre la Switch et la Switch 2 sont subtiles, celles entre les OS des deux consoles le sont encore plus. Si vous avez déjà pris en main une Switch, le contact avec une Switch 2 ne vous surprendra pas le moins du monde.

Précisons-le d'emblée pour ceux du fond, non familiers avec la Switch : la navigation dans les menus s'effectue avec les manettes — surtout quand la console est sur sa base — ou en effleurant l'écran tactile.

Le menu à grosses tuiles n'a pas bougé d'un iota et on choisit son jeu en scrollant de gauche à droite ou de droite à gauche avant de lancer en pressant la touche A. Difficile de faire plus simple. Sous ces tuiles, la barre d'outils évolue avec la nouvelle fonction online de la Switch 2 : le GameChat. L'icône reprend le bouton physique de la console avec ce gros carré orné d'un C.

Compte tenu de ses nouvelles caractéristiques techniques, le menu d'options de la Switch 2 est un peu plus riche que celui de sa grande sœur pour permettre à l'utilisateur de profiter des nouvelles possibilités, ou pas. Ainsi peut-on recalibrer le HDR, activer la sortie 120 Hz ou paramétrer le comportement des Joy-Cons en mode souris…

Bon point, Nintendo semble avoir enfin voulu convier les personnes en situation de handicap à la fête, puisqu'un menu Accessibilité fait son apparition. Pour le moment, les modifications possibles sont relativement limitées et il est avant tout question de modifier l'affichage. L'utilisateur pourra choisir de très grands caractères et les mettre en gras pour une lisibilité accrue. Diverses options de couleurs aideront aussi les personnes malvoyantes à profiter des titres. On note aussi avec satisfaction l'arrivée d'une fonction pour activer la conversion texte-parole. Grâce à celle-ci, ce qui est écrit à l'écran est annoncé à haute voix. L'idée est séduisante et trouvera sans doute sa place chez certains. Malheureusement, elle se cantonne à l'utilisation de l'OS de la console et ne fonctionne pas en jeu.

Toujours est-il que la prise en main de la Switch 2 ne pose aucun problème. Les plus jeunes auront peut-être du mal avec certaines options très techniques, pour régler l'affichage notamment, mais ils devraient normalement ne pas avoir à toucher à ces options réglées en amont par les parents.

Sans doute à cause d'une optimisation aux petits oignons, nos multiples parties de Mario Kart World se sont déroulées sans accroc. Nous n'avons jamais remarqué de ralentissement ou d'autres artefacts propres à gâcher l'expérience de jeu. Un constat que nous pouvons établir pour le mode solo, mais aussi le mode multijoueur à quatre en local, plus exigeant.

Attention, compte tenu de son architecture qui ne mise pas tout sur les performances techniques pures et dures, il est fort probable que la console éprouve quelques difficultés à faire tourner à l’avenir certains titres très exigeants développés pour des machines plus puissantes.

Un écran LCD amélioré mais encore perfectible

Réalisée avec brio par l'ami Diogo, une news labo pointe en détail les qualités et points faibles de l'écran LCD de la Switch 2.

Pour ceux qui n'auraient pas le bon goût de déguster la prose de notre lusitanien préféré, ce dernier pointe une réflectance difficile à ignorer : l'écran de la Switch 2 renvoie 54 % de l'éclairage qu'il reçoit. Dans les faits, cela signifie qu'il sera très compliqué de jouer en plein soleil.

Et même si la luminosité de l'écran de la Switch 2 (390 cd/m²) est supérieure à celles de la Switch originelle (360 cd/m²) et de la Switch Oled (330 cd/m²), elle fait pâle figure face à celle des écrans des PC-consoles portables comme le Steam Deck Oled (600 cd/m²) ou la MSI Claw AI 8+ (493 cd/m²).

Notre fier Portuan regrette une température des couleurs bien trop élevée. Alors que l'idéal se situe à 6500 K, l'écran de la Switch 2 atteint 8778 K, ce qui se traduit par *“une surreprésentation du bleu jusqu'à certaines teintes de blanc, gris et écru”.

Il n'est donc pas étonnant de voir notre transfuge de Gamekult fustiger le respect de la colorimétrie en raison d'un delta E qui culmine à 3,6, tout de même. Pour rappel, comme au golf, plus la note est basse, meilleure est la performance. À titre de comparaison, on considère généralement que l'œil humain peut repérer les dérives colorimétriques à partir d'un delta E de 3. Et l'un des meilleurs smartphones de notre comparatif à l'été 2025 (Samsung S25 Ultra) peut se targuer d'un delta E de 1,55 seulement, pour peu qu'il soit configuré dans le mode adéquat.

Tout n'est pas si sombre et Diogo note une rémanence très contenue pour un écran LCD (8 ms seulement)… quand le jeu tourne dans la fréquence maximale de l'écran, à savoir 120 Hz. Si la fréquence d'images par seconde (i/s) est inférieure, à 30 i/s ou 60 i/s comme l'immense majorité des jeux du catalogue, alors un effet de ghosting derrière les éléments en mouvement est très vite visible. Quant au taux de contraste, il se montre supérieur à celui de la Switch classique (1119:1 contre 1083:1), sans pour autant se démarquer de la concurrence.

Et le son dans tout ça ?

Très loin d'être aussi calé que notre Arthur national quand il s'agit de jauger des qualités acoustiques, nous avons fait appel à son expertise pour qu'il nous donne son avis au sujet de la Switch 2 dans ce domaine. Selon lui, la stéréo est bien gérée dans la navigation des menus et il note une bonne spatialisation des actions de navigation.

Bien que la Switch dispose uniquement d’une paire de haut-parleurs orientés vers le bas, configurés en stéréo, il faut absolument laisser le mode “surround virtuel” activé. Il permet de simuler un son surround multicanal 5.1 avec des jeux vidéo compatibles, et ainsi obtenir davantage de spatialisation et d’immersion. De plus, avec ce mode, on bénéficie d’une bien meilleure séparation entre la musique de fond et les effets sonores.

Le volume de la Switch 2 est très limité, mais suffisant pour comprendre toute l’action lorsqu’on la tient dans les mains. Toutefois, la moindre perturbation environnante peut masquer le contenu émis par la console. Bon point, aucun risque de s’abîmer les oreilles avec un niveau si faible.

Globalement, les haut-parleurs de sa Switch 2 ne sont pas adaptés à l’écoute musicale, car ils ne délivrent pratiquement pas de basses fréquences ni d’aigus. Leur restitution sonore, avant tout basée sur les fréquences médiums, est néanmoins suffisante pour rendre les dialogues intelligibles, sans démontrer une quelconque agressivité.

Comparée à une Game Boy des années 1990, qui pouvait amplement tenir une journée avec quatre piles AA, l'autonomie de la Switch 2 peut paraître faiblarde. Nous avons pu faire vrombir les moteurs de Mario Kart World pendant quatre bonnes heures avant de voir la console nous implorer sa recharge. En comparant ce qui est comparable (c'est-à-dire en la mettant face à des machines portables actuelles comme la RoG Ally), c'est plutôt une bonne surprise.

Évidemment, tout cela est fort tributaire du paramétrage de la console. Plus l'écran sera lumineux, moins le temps de jeu sera important. On pourra aussi gagner quelques dizaines de minutes de jeu en désactivant le wifi ou le Bluetooth. Bien sûr, l'autonomie dépend aussi du type de jeu. Un Cyberpunk 2077 plus gourmand qu'un Dead Cells tout en 2D tapera ainsi plus fort dans les ressources.

Bref, si on a un long trajet à effectuer, le plus sage est de bien charger sa batterie et de ne pas se cantonner aux jeux AAA qui demandent une grosse puissance de calcul.

Le petit ventilateur inclus dans la Switch ne fait pas beaucoup de bruit, et il faut vraiment tendre l'oreille pour l'entendre. Notre sonomètre n'a pas dépassé les 32 dB au pic de notre test de chauffe sur Cyberpunk 2077. Autant dire qu'en pleine partie de Mario Kart World avec les cris de Yoshi, le sifflement de la carapace bleue et les bruits de moteur, on a très vite tendance à l'oublier, encore plus si on joue au casque.

En mode docké, nous n'avons pas eu à nous plaindre du bruit non plus. Même en tentant de pousser la bête dans ses derniers retranchements, il a fallu se coller l'oreille au support pour entendre les pales tourner. Encore une fois, en pleine action, le bruit passe totalement inaperçu.