Nikon a lancé en fin d'été 2018 ses premiers boîtiers hybrides plein format, les Z6 et Z7. Pour accompagner leur nouvelle monture Z, trois objectifs avaient été présentés, dont le Nikkor Z 35 mm f/1,8 S ici testé.
Présentation
Nikon Nikkor Z 35 mm f/1,8 S


Nikon Nikkor Z 24-70 mm f/4 S


En ce début d'automne 2018, la guerre des hybrides plein format ne fait que commencer. Seul sur ce terrain pendant plusieurs années, Sony se trouve d'un seul coup face à plusieurs acteurs majeurs du secteur. Nouveau venu sur le 24x36, Panasonic bénéficie d'une solide expertise sur le marché des hybrides. Canon, avec son EOS R, emboîte le pas de Nikon et de ses Z6 et Z7.
Les nouveaux boîtiers de Nikon sont équipés de la monture Z, complètement nouvelle elle aussi. Lors de la présentation des appareils, trois objectifs ont été dévoilés et une roadmap définie sur les années à venir. Au côté du Nikkor Z 35 mm f/1,8 S, acteur principal de ce test, le Nikkor Z 24-70 mm f/4 S et le Nikkor Z 50 mm f/1,8 S sont également disponibles à l'achat.
Le 35 mm bénéficie donc d'une ouverture maximale à f/1,8 et ferme à f/16. La construction optique est constituée de onze lentilles réparties en neuf groupes. Deux sont composées en verre ED, trois sont asphériques et un nombre non précisé est pourvu d'un traitement nanocristal. L'ensemble vise à réduire les aspects indésirables comme les aberrations chromatiques ou le flare, par exemple. La distance minimale de mise au point est de 25 cm et le diaphragme circulaire est formé par neuf lamelles. L'objectif n'a pas de stabilisation, mais Nikon a fait le choix, à l'instar de Sony, de l'intégrer au capteur de ses hybrides. Enfin, la construction est tout temps avec des joints et un traitement au fluor pour protéger des gouttes d'eau et des poussières. Ce 35 mm est vendu un peu moins de 1 000 €.
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Ergonomie
Les Nikkor S sont positionnés sur le haut de gamme avec une qualité optique et de finition mise en avant. En termes de construction, le constat se fait très rapidement : la bête est très agréable à utiliser et l'objectif respire la solidité et la fiabilité. Le design sobre est élégant. Seules les quelques inscriptions blanches viennent contraster avec la robe noire de l'ensemble.
La large bague de mise au point est sans reproche sur sa préhension ou sa fluidité. Optique moderne oblige, il n'y a pas de butée physique pour facilement situer la fin de course. D'un autre côté, la bague est paramétrable directement dans le menu du boîtier pour modifier son comportement. À la place du traditionnel ajustement du focus, il est possible de programmer la compensation d'exposition, par exemple. Un seul contrôle est présent sur le fût qui permet de passer la mise au point en mode manuel. Contrairement au Tokina Opera 50 mm f/1,4 récemment testé, le cran de la commande est suffisamment ferme.
Avec un poids de 370 g et une longueur de 86 mm, l'objectif ne fait pas partie des poids lourds. Associé avec un Z7, le couple est cohérent et équilibré. Plus imposant qu'une optique ouvrant à f/2 ou supérieur, on remarque son gabarit avantageux si on le compare au Sigma FE 35mm f/1,4 DG HSM Art testé il y a quelques jours. En revanche, si on le confronte à un classique Nikkor AF-S 35 mm f/1,8 G ED, l'encombrement ne joue pas en faveur du Nikkor Z. La structure hybride et la monture Z ne nous offrent pas une meilleure compacité, malgré la promesse du nouveau système.

Netteté
Les mesures dans notre laboratoire sont faites en partenariat avec Imatest. Logiciels, outils ou chartes, Imatest propose des solutions complètes et sur mesure pour analyser et tester la qualité des appareils et objectifs photographiques.
Piqué
La notion de piqué est assez délicate à traiter. C'est ce que l'on peut assimiler à la "sensation de netteté" ou à la "précision" que l'on observe sur une image. Elle peut être très différente d'un objectif à un autre, d'une focale à une autre et d'une ouverture à une autre. Elle peut aussi varier entre le centre et les bords de la photographie.
Nous avons testé l'objectif avec le Nikon Z7 au capteur 24x36 de 45,7 Mpx. La définition est de 8 256 x 5 504 px. Chaque pixel mesure donc 4,35 µm de côté.
Évolution du piqué en fonction de l'ouverture. Les valeurs élevées sont meilleures.
Comme souvent, la pleine ouverture est à la traîne et manque de piqué. Pour corriger ce comportement, il faut fermer un petit peu le diaphragme. C'est "seulement" à partir de f/2,8 que la construction optique commence à révéler tout son potentiel. C'est un peu dommage quand certains objectifs se bonifient à partir de f/2.
Même si les bords sont en retrait à l'ouverture maximale, la netteté est finalement excellente et le Nikkor Z 35 mm f/1,8 S exploite avec brio les 45 Mpx du Z7. Pour tirer le meilleur de l'optique avec un rendu homogène, il faut l'utiliser entre f/5,6 et f/11. La diffraction finit par faire son apparition, mais l'ouverture minimale peut raisonnablement être employée.
Il est à noter également que les boîtiers hybrides de dernière génération proposent de plus en plus d'options de corrections optiques. Ces corrections ne sont pas toujours débrayables et, dans le cas de test du piqué, ont montré un très léger avantage en faveur de leur activation.
Notre scène de test et ses centres d'intérêt en rouge (
f/1,8 (
f/4 (
Distorsion / vignettage
Aucune distorsion n'est visible (
Correction du vignettage désactivée à gauche, correction sur "élevé" à droite (
Les distorsions sont absentes avec la correction optique activée. Cependant, les déformations sont contenues, même si bien présente une fois la correction désactivée.
D'un autre côté, le vignettage est lui marqué à pleine ouverture. Ici aussi, des corrections automatiques intégrées aux boîtiers sont disponibles. Quatre niveaux de réglages sont autorisés, allant d'une désactivation complète à une correction élevée. Vous pourrez activer un des paliers en fonction de vos préférences. Toutefois, l'assombrissement des angles disparaît rapidement dès f/2,8 pour devenir négligeable à partir de f/4.
Bokeh
La grande ouverture f/1,8 associée au capteur plein format du Z7 génère facilement une faible profondeur de champ. Cela permet de bien détacher un sujet de son environnement et de créer aisément un flou d'arrière-plan, le fameux bokeh.
En studio, nous réalisons plusieurs images pour apprécier la qualité de celui-ci, avec notamment notre scène test éclairée de leds. En jouant avec la mise au point, nous pouvons créer un beau flou à pleine ouverture. Toutefois, et comme avec le récent 50 mm f/1,4 Opera de Tokina, le vignettage à pleine ouverture génère un effet d'œil de chat en périphérie.
Le bokeh à pleine ouverture avec l'effet œil de chat en périphérie.
Les plus pointilleux noteront la présence d'onion-rings.
À l'inverse, en fermant le diaphragme, on met en évidence un effet étoilé assez réussi. Le diaphragme à 9 lamelles permet de créer 18 branches — donc le double du nombre de lamelles.
Nikkor Z 35 mm f/1,8 S à f/16 (

En pratique
La focale fixe de 35 mm est un grand classique de la photographie. Les déformations par rapport à un grand-angle sont assez discrètes et les perspectives ne sont pas écrasées comme avec un téléobjectif. Plus large que le traditionnel 50 mm, le 35 mm est particulièrement adapté au reportage, à la photo de rue ou au paysage. Placer le sujet dans son environnement prend tout son sens avec ce type de cadrage. Néanmoins, faire des portraits est tout à fait possible sans arrière-pensée.
La grande ouverture à f/1,8 donne un flou très doux et vraiment harmonieux. La gamme hybride Z de Nikon disposant de capteurs stabilisés, les basses lumières ne sont un problème pour eux et c'est avec confiance et plaisir que l'on s'aventure dans des ambiances contraignantes.
L'autofocus est silencieux et très rapide. Il faudrait faire des essais sur du long terme, mais à cette date, c'est plus le Z7 qui est pris en défaut sur ce point que l'objectif en lui-même.
Photos sorties de boîtier
4000 ISO, 35 mm, f/1,8 @ 1/1000 s (
140 ISO, 35 mm, f/1,8 @ 1/40 s (
8000 ISO, 35 mm, f/1,8 @ 1/1000 s (
100 ISO, 35 mm, f/1,8 @ 1/125 s (
100 ISO, 35 mm, f/1,8 @ 1/80 s (
Photos éditées
100 ISO, 35 mm, f/1,8 @ 1/100 s. Corrections Lightroom : ajustement de l'angle, exposition, contraste, ombre, hautes lumières, blancs, noirs, clarté, température, teinte, saturation, teinte sélective, teinte des ombres (
640 ISO, 35 mm, f/1,8 @ 1/40 s. Corrections Lightroom : recadrage, exposition, ombre, hautes lumières, noirs, clarté, teinte sélective, courbe à point (
100 ISO, 35 mm, f/1,8 @ 1/60 s. Corrections Lightroom : recadrage, ajustement de l'angle, exposition, contraste, hautes lumières, noirs, clarté, température, teinte, saturation, virage partiel, filtre radial, pinceau de retouche, suppression des défauts (
110 ISO, 35 mm, f/1,8 @ 1/40 s. Corrections Lightroom : exposition, contraste, noirs, ombres, hautes lumières, clarté, température, teinte, teinte des ombres, teintes des hautes lumières, saturation des ombres, saturation des hautes lumières, virage partiel, filtre radial, pinceau de retouche, suppression des défauts (
100 ISO, 35 mm, f/1,8 @ 1/80 s. Corrections Lightroom : noir et blanc, recadrage, exposition, contraste, ombre, hautes lumières, noirs, blanc, clarté, courbe à point, suppression des défauts (
Galerie d'images
Points forts
Bonne construction.
Excellente qualité optique.
Fabrication tout temps.
Autofocus silencieux et rapide.
Points faibles
Gabarit en comparaison du classique 35 mm.
Le plein potentiel de l'optique n'arrive qu'à f/2,8.
Conclusion

Le Nikkor Z 35 mm f/1,8 S est un excellent objectif agréable à utiliser. Il mérite bien sa place dans la gamme S, synonyme d'excellence. En pratique, il est difficile de le prendre en défaut.
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Netteté
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En pratique
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